Évaluation des effets de l’augmentation des débits réservés à l’aval de deux barrages du Haut-Rhône français à l’aide de l’examen des communautés d’oligochètes
Des travaux de restauration du chenal central du Haut-Rhône français à l’aval des barrages de Lavours et Champagneux ont été entrepris en 2005-2006 et ont consisté à augmenter les débits réservés. Les effets de cette opération ont été évalués en étudiant en aval des barrages la structure des communautés de macroinvertébrés (insectes en particulier), d’oligochètes (annélides) et de poissons avant (en 2002/2003) et après (en 2008/2009) sa mise en oeuvre. Nous reportons ici les résultats obtenus sur les communautés d’oligochètes. Les oligochètes ont été prélevés au niveau des sédiments grossiers superficiels et la structure des communautés a été étudiée en appliquant la méthode des traits fonctionnels. Cette méthode permet d’évaluer simultanément la dynamique des échanges hydrologiques entre les eaux souterraines et les eaux de surface et les effets des polluants présents dans le milieu et apporte ainsi des informations sur l’état de fonctionnement du cours d’eau. La dynamique des échanges hydrologiques verticaux devrait être prise en considération, entre autres car des alternances exfiltrations/infiltrations favorisent l’autoépuration du cours d’eau et des excès d’infiltrations rendent les eaux souterraines vulnérables aux pollutions des eaux de surface. À l’aval des deux barrages, il a été observé post-restauration (par rapport à l’état pré-restauration) une diminution des pourcentages de taxons indicateurs de la présence d’exfiltrations de la nappe et une élévation des pourcentages de taxons moyennement résistants et résistants aux pollutions. Ces résultats peuvent être expliqués par une qualité chimique de l’eau insuffisante et l’activité des barrages favorisant les dynamiques d’infiltration des eaux de surface. Ils montrent que dans le cas des sites étudiés, une augmentation des débits réservés a été insuffisante pour améliorer le fonctionnement du milieu et que cette opération de restauration devrait s’accompagner de mesures diverses visant à améliorer la qualité des eaux de surface et à favoriser les exfiltrations des eaux souterraines.
Restoration work on the central channel of the French Upper Rhône River was undertaken in 2005-2006 downstream of the Lavours and Champagneux dams and consisted of increasing the instream flows. The effects of this measure were assessed by studying downstream of the dams the structure of the communities of macroinvertebrates (insects in particular), oligochaetes (annelids) and fishes before (in 2002/2003) and after (in 2008-2009) its implementation. We report here the results obtained on oligochaete communities. Oligochaetes were collected in coarse surface sediments and the structure of oligochaete communities was studied by applying the functional traits method. This method allows to simultaneously assess the dynamics of hydrological exchanges between groundwater and surface water and the effects of pollutants present in the environment and therefore provides information on the functioning state of the stream. The dynamics of vertical hydrological exchanges should be considered, among others, because alternance of exfiltration / infiltration favors self-purification of the stream and infiltration excess makes groundwater vulnerable to pollution of surface water. Downstream of the two dams, it was observed post-restoration (compared to the pre-restoration state) a decrease in the percentages of taxa indicating the presence of groundwater exfiltrations and an increase of the percentages of moderately resistant and resistant taxa to pollution. These results can be explained by poor water quality and by the activity of dams favoring infiltration dynamics of surface water. These results show that, in the case of the sites studied, an increase of the instream flows was insufficient to improve the functioning of the stream and that this restoration operation should be accompanied by various measures aiming at improving the quality of surface water and at favoring groundwater exfiltration.