Le chevreuil, le cerf et le chamois se nourrissent de pousses de jeunes arbres, les frayent et les écorcent. Cette influence du gibier peut être si forte qu’elle modifie le mélange des essences et le nombre de tiges dans la régénération forestière. Des évaluations d’expert répétées de la régénération forestière permettent de donner une indication globale de l’importance et de l’évolution de cette influence du gibier; elles servent de base pour la discussion des mesures à prendre le cas échéant. Ceci n’est toutefois valable que dans la mesure où l’estimation de l’influence du gibier est effectuée de manière objective, transparente et neutre. Dans le présent article, les auteurs, membres du Groupe de travail Forêt et faune sauvage de la Société forestière suisse, proposent un procédé concret pour l’estimation de l’influence du gibier. Le point central est la répartition de l’influence du gibier en quatre classes. Ces classes d’influence permettent une distinction objective entre essences principales et accompagnatrices, ainsi qu’entre essences sensibles et non sensibles à l’abroutissement. Sur la base de cette classification, on peut en déduire la proportion de la surface forestière sur laquelle les objectifs sylvicoles en termes de mélange d’essences principales et accompagnatrices sensibles à l’abroutissement ainsi qu’en termes de nombre de tiges (valeurs cibles de rajeunissement) ne peuvent pas être atteints en raison de l’influence du gibier. Une définition uniformisée des classes d’influence du gibier faciliterait les évaluations pour des zones de gestion du gibier supracantonales, et de manière générale les échanges entre cantons.