Feldmeyer, E. (1990). Les tourbières des Franches-montagnes. Flore et végétation. Actes de la Société Jurassienne d'Emulation, 93, 99-141. https://doi.org/10.5169/seals-549974
Pour le promeneur qui parcourt les vastes étendues des pâturages boisés des Franches-Montagnes, la découverte d'une tourbière au fond d'un vallon humide constitue toujours une surprise. Même sans être botaniste, on remarque immédiatement la végétation tout à fait particulière qui s'y développe, en contraste frappant avec celle des pâturages environnants. Cette végétation spécialisée doit son existence aux propriétés de la tourbe, ce sol d'humus brut très acide et extrêmement pauvre en substances nutritives. La région des Franches-Montagnes est riche en tourbières, de même que toute la chaîne du Jura. Il s'agit le plus souvent de petites tourbières, dont la superficie ne dépasse pas quelques hectares, à l'exception de celles de la Chaux-des-Breuleux, de Bellelay et de la Gruère, qui occupent entre 20 et 40 hectares. On compte aujourd'hui 17 tourbières sur le plateau des Franches-Montagnes (Fig. 1). Elles représentent les derniers vestiges d'un ensemble plus vaste que l'exploitation de la tourbe, le drainage et l'amendement ont fortement réduit. On peut avoir une idée du nombre de tourbières disparues en examinant les lieux-dits du plateau des Franches-Montagnes car, si certaines tourbières n'ont laissé aucune trace dans le paysage végétal actuel, leur souvenir persiste dans les toponymes. On compte ainsi 14 sagnes ou seignes, seignats, seigneux, des noms qui tous désignaient des tourbières.